Si vous cultivez un potager, vous êtes probablement familier du Mildiou qui attaque généralement les tomates, les pommes de terre, les aubergines et les poivrons !
Mais ce champignon reste l’ennemi numéro 1 de la vigne puisque qu’il prend parfois des proportions épidémiques.
Derrière ce nom barbare, une espèce de champignon venue des Etats-Unis au XIXe siècle quand les vignerons importèrent des cèpes de vignes américaines résistantes au Phylloxera.
Ce champignon peut rester en latence très longtemps avant de s’activer et d’attaquer les cultures grâce à des conditions climatiques spécifiques.
Les restes végétaux, et notamment les feuilles mortes tombées au sol, sont la principale source d’infection : le mildiou s’y loge et peut ensuite se répandre grâce au vent, aux animaux ou à l’homme.
Les différentes conditions de développement du mildiou :
- Présence d’eau sous forme liquide (très forte pluie, mauvais drainage, très forte humidité comme la rosée du matin, …)
- Températures entre 11 et 25°C
- Pas de vent pour sécher
- Peu de luminosité
La grande difficulté avec le mildiou est qu’il est un endoparasite, c’est-à-dire qu’il vit dans le corps de son hôte, qu’il se loge à l’intérieur des tissus de la plante, donc nous ne pouvons pas observer son action avant que les dommages sur la vigne soient considérables.
Il pénètre les tissus des feuilles, des branches et des fruits (contrairement à l’Oïdium qui reste en surface par exemple).
En somme, en hiver, le mildiou se conserve dans les feuilles mortes tombées au sol et, lorsque le printemps est pluvieux et doux, il se développe en une petite moisissure qui attaque les organes de la vigne, notamment les feuilles et les raisins.
Il peut entraîner d’importantes pertes de récoltes ainsi que des problèmes de qualité de vin et d’affaiblissement des ceps dans une moindre mesure.
Alors comment protège-t-on la vigne contre le mildiou ?
Prévenir plutôt que Guérir
La première chose à faire est d’empêcher au maximum les conditions favorables à son développement :
- Suppression des zones humides (écoulement des eaux, drainage des sols)
- Epamprage (débarrasser les ceps de vignes des rameaux, ou « pampres» afin de favoriser la maturation des branches fruitières porteuses de raisins)
- Palissage (consiste à conduire une plante sur une structure en y attachant ses tiges et ses branches à l’aide de liens, pour augmenter la surface foliaire au soleil et permettre une meilleure photosynthèse et une bonne circulation de l’air)
- Rognage (couper l’extrémité des rameaux qui sont plus sensibles aux maladies. Cela permet également davantage d’ensoleillement et d’aération pour les grappes, et donc un assèchement du mildiou).
Les traitements
Dans un second temps, lorsque le risque épidémique est élevé ou lorsque l’on constate les premières attaques, on traite la vigne avec de la bouillie bordelaise qui est le seul traitement efficace connu à ce jour, avec le cuivrol et l’hydroxyde de cuivre, tous deux autorisés en Agriculture Biologique : c’est un mélange d’eau, de sulfate de cuivre et de chaux. Le cuivre, sous cette forme liquide, permet de bloquer la germination du champignon (traitement à titre préventif) et / ou d’empêcher son évolution (traitement à titre curatif).
Le gros inconvénient de cette bouillie bordelaise est qu’elle est lessivable, c’est-à-dire qu’il faut renouveler le traitement soit en prévision d’une pluie, soit après 15-20mm de pluie, soit après 20 cm de pousse même sans pluie pour couvrir les parties nouvellement formées. En cas de printemps très pluvieux, davantage de traitements doivent être effectués, ce qui entraîne une augmentation des quantités de cuivre se retrouvant dans les premières couches du sol, et donc des pollutions liées à ce métal lourd non biodégradable.
Malheureusement, il arrive que la pression du mildiou soit tellement forte (comme en 2016) qu’elle menace l’intégralité de la récolte malgré de nombreux passages de traitement au cuivre. Les viticulteurs n’ont alors d’autre choix que de passer à la lutte chimique, en utilisant 3 types de produits :
- Les produits de contact : Cuivre et produits organiques de synthèse, plus efficace que la bouillie bordelaise mais eux aussi lessivables…
- Les produits pénétrants : Produits qui entrent à l’intérieur de la feuille et qui les met à l’abri du lessivage
- Les produits systémiques : Produits pénétrants qui circulent également dans la sève et permettent une protection plus longue.
En conclusion, aucun remède miracle et totalement « propre » n’existe contre le mildiou. Notre meilleur allié est l’anticipation, le travail soigné dans les vignes et leur observation minutieuse afin de placer les traitements au bon moment pour les rendre plus efficaces et limiter au maximum le nombre de passages nécessaires.
Les recherches se poursuivent pour continuer à affiner les pratiques et pouvoir, à terme, se passer du cuivre.